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Cisjordanie occupée - 20 janvier 2019
Par Ramona Wadi
L’Autorité palestinienne continue de mesurer son supposé succès à l’aune des normes internationales. Après avoir pris la présidence tournante du Groupe des 77 + la Chine (G77) (1), de nouveaux plans sont en cours pour demander que la Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies (2), selon le ministre des Affaires étrangères de l’AP Riad Al-Maliki. Tout le monde sait déjà que les États-Unis opposeront leur veto à une telle demande, mais « cela ne nous empêchera pas de la présenter », a déclaré Al-Maliki.
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, se voit remettre le marteau pour ouvrir la session 2019 du G77 (photo : ONU/Manuel Elias)
Les mots d'Al-Maliki ont une couleur sinistre. L’Autorité palestinienne continuera de mettre en péril la vie de Palestiniens sous prétexte de faire valoir ses droits à l’ONU et aucune entité ni aucun gouvernement ne fera obstacle à ce programme destructeur. Personne n'empêchera l'Autorité palestinienne de déposer une nouvelle demande, tout comme personne ne prendra les mesures nécessaires pour empêcher le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de violer les droits des Palestiniens. La collusion entre les deux scénarios a été perfectionnée au point que l’évident est manifestement occulté par un recentrage sur ce que la communauté internationale a défini comme légitime, et donc à l’abri de mesures punitives.
Au niveau international, l'Autorité palestinienne fait simplement du lobby pour son propre statut. Si, au cours des années précédentes, il était encore possible de parler de reconnaissance internationale des Palestiniens, il est maintenant clair que l'accès à de telles organisations n'a fait que fournir à l'Autorité palestinienne l'occasion de partager une plate-forme appelant à la protection de l'existence coloniale d'Israël dans la Palestine historique. En outre, à mesure que l'Autorité palestinienne accroît sa visibilité, les Palestiniens eux-mêmes sont marginalisés au point que banalités et reconnaissance ont depuis longtemps remplacé les droits. Sans mentionner le fait que chercher à être reconnu à l'ONU implique l'acquiescement aux initiatives antérieures de l'organisation pour faciliter le projet colonial sioniste.
Le consensus n'a aucune équivalence avec les droits. Sur la scène internationale, le consensus a toujours été constant lorsque l'objectif est de cibler des populations choisies pour la guerre qu’elles subissent, déclenchant ainsi le mécanisme humanitaire habituel permettant de dissocier les personnes de la politique. Par consensus sur l'existence d'Israël, les Palestiniens ont été soumis à des cycles perpétuels d'humiliations humanitaires. L’Autorité palestinienne a renforcé le statut humanitaire imposé aux Palestiniens en refusant d’engager politiquement le peuple palestinien. Son alternative, conformément aux attentes de l'ONU, était de présenter un front politique à travers la bureaucratie de l'Autorité palestinienne et, à partir d'une telle plate-forme, de diffuser l'expérience palestinienne en tant que problème humanitaire. Une adhésion à part entière à l'ONU facilitera le processus de dégradation des Palestiniens, pour la simple raison que l'organisation existe, d’abord et avant tout, pour protéger les violeurs des droits de l’homme.
En déplaçant le discours sur l'ordre du jour américain - que l'administration du président américain Donald Trump a clairement exprimé en ce qui concerne son soutien sans équivoque à Israël - l'Autorité palestinienne tente de dissimuler ses propres motifs en recherchant une reconnaissance internationale accrue auprès d'une entité imprégnée de violations des droits de l'homme et qui a soutenu la colonisation de la Palestine. Les questions que nous devrions poser ne doivent donc pas être axées sur ce que les Palestiniens gagneront avec cette candidature. L’Autorité palestinienne ne vise que son propre prestige et une telle réalisation - aussi hypothétique soit-elle - facilitera le maintien du régime autoritaire, expiré, d’Abbas sur le peuple palestinien.
(1) « La Palestine assume la présidence du groupe des 77 et de la Chine », 16.01.2019, french.xinhuanet.com.
(2) « A l’ONU, la Palestine va demander à être reconnue comme un Etat membre », 17.01.2019, Le Muslin Post.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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