Envoyer cet article
Cisjordanie occupée - 6 mars 2021
Par Motasem A Dalloul
Les services de sécurité de l'Autorité palestinienne (AP) ont arrêté plusieurs membres et militants du Hamas en Cisjordanie occupée et les ont placés dans la prison d'Al-Junaid, à Naplouse. Ils ont ensuite été transférés dans la tristement célèbre prison de Jéricho, connue pour détenir des membres et des dirigeants du Hamas, ainsi que des critiques de l'AP.
Les leaders du Hamas dans la bande de Gaza Khalil al-Hayya (à gauche) et Yahya Sinwar (à droite) à Rafah, Gaza, le 7 février 2021 [Ashraf Amra/Agence Anadolu].
Cela s'est produit quelques jours seulement après le décret présidentiel qui interdit la détention et la poursuite des individus pour des raisons liées à la liberté d'opinion et d'affiliation politique.
Il ordonne également « la libération immédiate de tous les détenus ou prisonniers détenus dans le cadre de la pratique de la liberté d'opinion, d'affiliation politique ou pour toute autre raison partisane dans tous les territoires de Palestine ».
Le Dr Mousa Abu-Marzouq, membre du Bureau politique du Hamas, a déclaré à la radio locale Watan : « Suite à ce décret, le gouvernement dirigé par le Hamas dans la bande de Gaza a libéré 45 prisonniers de sécurité, que l'AP et le Fatah affirment être détenus pour leur affiliation politique ». Toutefois, il a déclaré que « les services de sécurité de l'AP continuent leurs campagnes de détention contre les militants du Hamas, alors que les autorités d'occupation israéliennes mènent des campagnes de détention contre les membres et les dirigeants du mouvement ».
Le Cheikh Nayef Al-Rajoub, député palestinien et haut responsable du Hamas, a confirmé à MEMO que rien n'avait été mis en œuvre sur le terrain en ce qui concerne le décret sur les libertés publiques, faisant référence à l'incident de la détention de membres du Hamas et de leur transfert à l' « abattoir de Jéricho » où de nombreux membres du Hamas ont déjà péri suite à de graves tortures en raison de leur résistance contre l'occupation israélienne.
Les membres et les dirigeants du Hamas ont fait l'objet de menaces israéliennes répétées et de campagnes de détention. « L’occupation israélienne a arrêté des dizaines de personnes en raison de leur participation potentielle aux élections palestiniennes », a déclaré M. Al-Rajoub à MEMO, citant notamment les députés du Hamas Sameer Al-Qadi, Hatem Qafisheh et d'autres.
Il a déclaré que les responsables et les membres du Hamas sont arrêtés par les forces d'occupation israéliennes et placés en détention administrative - un moyen de les détenir sans inculpation ni procès. Al-Rajoub a précisé que cette mesure israélienne fait partie du plan de l'occupation visant à « torpiller la participation des plus grandes factions palestiniennes aux élections parlementaires », ajoutant que cela échouera et que le Hamas va se présenter aux élections même si ses dirigeants et ses membres se retrouvent dans les prisons israéliennes.
Un analyste politique palestinien basé en Cisjordanie , qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, a déclaré que ces campagnes de l'AP et d'Israël n'empêcheront pas les membres du Hamas de se présenter aux élections. « La plupart des dirigeants du Hamas ont passé plus de temps dans les prisons que chez eux », a-t-il déclaré à MEMO. « Ce sont des résistants et ils ne se soucient pas des restrictions et des mesures punitives israéliennes. Ils se sacrifient au nom des intérêts nationaux et cela leur donne plus de crédit dans la rue ».
Le directeur du Centre palestinien pour l'étude des questions politiques et stratégiques (MASARAT), Hani Al-Masri, a déclaré que le décret présidentiel sur les libertés publiques reste « vague » car il ne mentionne pas les sites d'information bloqués en Cisjordanie occupée, ni n'identifie les prisonniers politiques. Ce « flou », a déclaré M. Al-Masri, « remet le processus électoral en question ». Il ajoute qu'il craint que les élections ne soient annulées à un moment donné.
Pendant ce temps, l'analyste politique Hisham Al-Sharbati n'a pas exclu une éventuelle coopération entre l'AP et l'occupation israélienne dans le but d'affaiblir le Hamas. « La coopération entre l'AP ou le Fatah et Israël est possible », a-t-il déclaré à MEMO. « L'AP peut demander à Israël de cibler certaines personnes qu'elle ne peut pas approcher », a-t-il expliqué. C'est ce qui s'est passé après la dernière élection palestinienne de 2006 qui a vu le Hamas remporter la victoire, mais qui a également vu l'AP saper le Hamas en arrêtant les militants du mouvement tandis qu'Israël détenait ses députés et ses ministres.
Il semble qu'Israël et l'AP reconnaissent que ces élections sont différentes car l'UE et de nombreux pays de la région ont fait pression sur l'AP et le Fatah pour qu'ils les organisent et les États-Unis ont indirectement donné le feu vert pour qu'elles aient lieu. Le Hamas, qui cherche une fenêtre sur la communauté internationale, insiste donc pour qu'elles aient lieu.
Pendant ce temps, l'AP et Israël, qui reconnaissent que l'isolement du Hamas a échoué, font de leur mieux pour l'empêcher de faire partie des nouvelles institutions politiques palestiniennes légitimes - le parlement, qui représente les Palestiniens dans les territoires occupés, et le Conseil national palestinien qui représente les Palestiniens en Palestine et dans la diaspora.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
11 avril 2021
Ahmed Ben Bella, une figure arabe des luttes de libération nationale10 avril 2021
La renaissance des projets interpersonnels : éviter à Israël de rendre des comptes8 avril 2021
1871, la Révolte d’El Mokrani2 avril 2021
L'islamophobie d’État encore et toujours !1 avril 2021
Georges Ibrahim Abdallah : « Je ne négocierai pas mon innocence. Je ne renoncerai pas à ma position »30 mars 2021
Pourquoi Israël continue-t-il à démolir Al Araqeeb ?25 mars 2021
Un parti d'extrême droite proscrit pour cause de terrorisme en passe d’obtenir plus de sièges que prévu lors des élections en Israël22 mars 2021
Elections palestiniennes : la résurrection de Salam Fayyad21 mars 2021
NON A LA LOI ISLAMOPHOBE ET LIBERTICIDE Manifestons partout en France le dimanche 21 mars 2021 !19 mars 2021
CoeXisT : entre « choc des civilisations » et stratégie de dépolitisationCisjordanie occupée
Résistances
Motasem A Dalloul