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Gaza - 7 novembre 2009
Par Saleh Al-Naami
Awatef Al-Assar a rempli des sacs de sable pour consolider les côtés de la tente, pour tenter en vain de la stabiliser. Ses enfants se souviennent encore des efforts qu’elle et son mari ont déployés, l’hiver dernier, pour maintenir le mât de la tente qui abritait leur famille, l’hiver dernier, alors que le vent soufflait fort et le faisait vaciller. Ils grelotaient de froid et de peur sous l’orage. La pluie avait trempé la tente et malgré leurs efforts, la tente s’est effondrée sur les enfants. La famille toute entière a dû chercher refuge dans une maison voisine.
Comme des milliers d’autres, la maison des Al-Assar a été détruite pendant la guerre d’Israël contre la Bande de Gaza. Aujourd’hui, elle redoute la répétition de la même expérience de punition que l’hiver dernier. Sa voisine, Hajja Fatma Hamdan, qui vit dans le même camp de réfugiés avec sa famille, se souvient de la quantité de pluie qui a inondé la tente pendant que sa famille dormait. Ils se sont réveillés paniqués et tout ce qu’ils ont pu faire fut d’abandonner la tente et ce qu’elle contenait et chercher refuge ailleurs.
Les résidents du camp de réfugiés, installé près de Beit Lahia, disent que les conditions de vie sous les tentes ont provoqué beaucoup de problèmes de santé chez les sans-abris, en particulier les enfants, vomissements, diarrhées et crampes d’estomac. Nehaya, dont le mari a été tué pendant la guerre israélienne, dit que l’hiver dernier, elle a dû continuellement emmener ses enfants à la clinique de Beit Lahia pour des rhumes et des bronchites.
Alors que l’hiver approche, les occupants de ce camp – comme ceux des autres camps – se plaignent de ne pas avoir suffisamment de couvertures. Suleiman Al-Masri, dont la maison à Beit Hanoun, au nord-est de Gaza, a été détruite, dit que pour les 15 membres de sa famille, il n’a reçu que sept couvertures d’une organisation caritative. Neuf mois après la fin de la guerre, beaucoup de familles sans abri reviennent dans leurs maisons détruites à la recherche de couvertures sous les tonnes de gravats. La plupart du temps, ils ne retrouvent rien, soit parce que tout a été brûlé, soit parce que tout est enseveli sous les décombres.
Ces familles n’ont aucun refuge, sauf les camps dressés par le gouvernement Hamas, l’UNRWA ou les associations caritatives qui travaillent à Gaza. Des camps pour ceux qui ont perdu leurs maisons sont disséminés partout à Gaza. En fait, des camps ont été installés dans chaque secteur détruit pendant la guerre.
Ceux dont les maisons ont été complètement détruites pendant la guerre ne sont pas les seuls à souffrir du froid de l’hiver. Les Gazaouis dont les maisons n’ont pas été complètement démolies pendant l’attaque souffrent aussi. Dans beaucoup de ces maisons, il faudrait remplacer les fenêtres mais à cause du siège, on ne trouve pas de vitres, ou seulement par les tunnels, et les prix sont montés en flèche. Toutes les fenêtres de la maison de la famille de Ghassan Abu Samha, dans le Camp de Réfugiés d’Al-Maghazi, au centre de Gaza, ont été détruites par l’attaque israélienne. Les huit membres de sa famille sont exposés à l’hiver glacial tandis que la saison froide approche, et aucune réparation n’est possible.
Abu Samha dit à Al-Ahram Weekly qu’il n’a pu se permettre de réparer les fenêtres avec les vitres disponibles, qui sont de toute façon de mauvaise qualité. « La réparation coûte 2.500 shekels (450€), ce qui est pour moi une somme énorme. Je n’ai pas d’autre solution que de couvrir les fenêtres avec du plastique, ce qui me revient à une centaine de shekels (18€). » Le fils d’Abu Samha, Ahmed, 10 ans, se souvient que le froid l’a souvent empêché de dormir l’hiver dernier. Néanmoins, couvrir les fenêtres de plastique est devenu la solution commune à beaucoup de familles de Gaza.
Des centaines de Gazaouis qui vivent près de la frontière entre Israël et la Bande de Gaza, et dont les maisons sont restées intactes, ont décidé de partir par crainte d’être bombardés par Israël. Ils se sentent particulièrement vulnérables parce que leurs maisons sont situées en face des bases de l’armée israélienne, sur la ligne démarcation.
Zaidan Sarar, qui vit sur la frontière, fait partie de ceux qui ont choisi de quitter leur maison et de déménager dans un appartement loué, par peur de l’armée israélienne. Sarar s’est installé dans un appartement à Deir Al-Balah et a abandonné sa maison, disant au Weekly qu’il préférait dépenser son argent dans une location plutôt que de prendre des risques pour sa sécurité. « Lorsque j’ai repensé aux corps des enfants tués pendant la dernière guerre, j’ai décidé de tout faire pour que mes enfants ne subissent pas le même sort, » dit-il. « C’est la raison pour laquelle j’ai cherché à louer un appartement et que j’ai laissé ma maison, dans la construction de laquelle j’ai mis toutes mes économies. »
D’autres familles se débattent avec l’entassement après avoir ouvert leurs portes à des familles sans abri. Gamal Al-Masri, 29 ans, dit qu’il attend la nuit avant de renter chez lui, dans le Camp de Réfugiés d’Al-Nosayrat, au centre de Gaza. Sa maison abrite en ce moment ses parents et ses jeunes frères et sœurs, depuis que leur maison du Camp d’Al-Maghazi, à l’est d’Al-Nosayrat, ait été anéantie l’hiver dernier. Al-Masri, qui est marié et père de cinq enfants, dit au Weekly qu’il passe le plus de temps possible hors de chez lui parce sa maison de trois chambres héberge maintenant 17 personnes. Tandis que l’hiver approche, il a de plus en plus de mal à rester dehors avec ses collègues de travail ou ses voisins, mais il est incapable de vivre dans une maison bondée. Son plus gros problème est aussi le manque de couvertures pour protéger chacun du froid de l’hiver.
Al-Masri n’est pas le seul à avoir été obligé de prendre sa famille chez lui après que l’armée israélienne ait détruit leurs maisons pendant la guerre. En fait, on pourrait dire qu’il a plus de chance que beaucoup d’autres qui doivent héberger leurs familles depuis la guerre israélienne. Adel Sala, 43 ans, n’a pas eu d’autre choix que d’accueillir les familles de deux de ses frères, après que l’armée israélienne ait détruit leurs maisons dans deux attaques distinctes.
Avec 25 personnes vivant maintenant dans sa maison de quatre chambres dans le village d’Al-Qarara, chaque famille s’est installée dans une chambre et les trois hommes dorment dans la quatrième. Sala reconnaît que ce sont des conditions de vie très difficiles, compliquées et embarrassantes. Par exemple, aller à la salle de bains demande une véritable coordination, et lui et ses frères vont à la mosquée pour leurs ablutions pour éviter toute gêne.
Les épreuves terribles sont sans fin cet hiver, et parmi les plus touchés sont les enfants dont les maisons ont été démolies et qui ont dû déménager loin de leur lieu de résidence. Ils ont maintenant à faire de très longues distances pour aller à l’école et manquent aussi de vêtements chauds pour les protéger du froid glacial de l’hiver.
Source : Al Ahram
Traduction : MR pour ISM
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Saleh Al-Naami
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