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Gaza - 5 juin 2009
Par Ashraf Tantish
Ashraf est journaliste et écrivain. Il vit dans la Bande de Gaza. Il écrit régulièrement pour le Palestine Telegraph.
Le problème scolaire est mineur, comparé à celui d’une bien plus grande importance : les effets de la guerre sur les enfants. Ola a deux ans, elle ne cesse de répéter en pleurant : « Où est Ola ? ».
Alors que nous prenons tranquillement un thé sous leur tente, nous entendons des cris de panique. Un avion passe au-dessus de nous – un avion civil – mais pour les enfants de la guerre, un avion, quelque soit son type, a un autre sens. Le voisin Abu Ali nous dit : « C’est pareil avec tous les bruits qui ressemblent à des tirs ou à des explosions. Ils provoquent de l’hystérie chez nos enfants. »
« Nos enfants jouent à la guerre la journée, et rêvent de la guerre la nuit, » explique un autre voisin.
Dans un groupe d’enfants, nous voyons un gamin de 7 ans. Il est beaucoup plus violent que les autres. A deux occasions, il interrompt le jeu et se retire. Il veut toujours frapper ses camarades, et sa mère nous explique : « Je vivais à Beit Lahia. Au moment de la guerre, je me suis réfugiée avec mes 4 enfants chez un voisin. Lorsque les soldats israéliens ont surgi dans la maison, j’ai caché Omar, qui a 7 ans, et Ahmad, 4 ans, derrière le réfrigérateur, dans la cuisine. Ma fille et moi, nous nous sommes cachées derrière la maison. Lorsque je suis revenue, mes fils étaient terrifiés. Plus tard, Omar m’a dit qu’ils les avaient vus tuer notre voisin. Omar et Ahmad ont tout vu. Je les emmène régulièrement à l’hôpital, pour des soins. Ils sont soignés pour choc traumatique. »
Amar a 3 ans. Ses deux mains sont bandées. Sa mère nous dit : « Pendant la dernière guerre, j’étais seule à la maison avec mes deux enfants. Mon mari était au front. Un matin, pendant qu’ils dormaient, je suis sortie pour essayer de trouver de l’eau, lorsque les avions sont arrivés, et j’ai tout laissé et j’ai couru dans la maison. Elle était en feu. Je me suis précipitée à l’intérieur, ils étaient évanouis, dans les bras l’un de l’autre, contre le mur. Je les ai pris pour les emmener à l’hôpital Al-Shifa. Marwa, ma fille, y est toujours soignée pour la fumée qu’elle a respirée. Quant à Amar, regarde ses mains ! » Elle enlève les bandages, les doigts sont collés les uns aux autres, certains à la paume de la main.
« Et moi, comme tu vois, je suis handicapée. Je ne peux m’occuper d’eux qu’avec difficulté. » Amany a perdu un bras et un œil. Elle est défigurée.
Tous les enfants palestiniens ont souffert et continuent de souffrir de la guerre. Même si tous n’ont pas eu les mains brûlées, les poumons enfumés et le sang glacé de terreur. Même si tous n’ont pas vu des gens se faire tuer. Ils n’ont ni maison ni patrie. La maison, pour un enfant, c’est la sécurité, la stabilité. Les enfants palestiniens sont morts en exil. Et la guerre les chasse d’un exil à l’autre. Seuls les souvenirs ne peuvent être détruits, ceux des orangers, des oliviers, de la côte, du port de Gaza.
Source : The Palestine Telegraph
Traduction : MR pour ISM
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