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Palestine occupée - 31 décembre 2020
Par Ramona Wadi
24.12.2020 - La récente donation financière de l'UE à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) ne laisse aucun doute sur le motif. Alors que l'Agence continue de faire face à une crise financière sans précédent d'une année sur l'autre en raison de l'annulation par les États-Unis de leurs dons réguliers et très importants et du soutien insuffisant de la communauté internationale, l'UE a donné 4,8 millions de dollars supplémentaires pour aider à alléger les charges supplémentaires imposées par la pandémie de coronavirus. C'est-à-dire en valeur nominale.
Des Palestiniens se rassemblent devant l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza le 23 décembre 2020 [Ashraf Amra/Anadolu Agency]
Sven Kühn von Burgsdorff, le représentant de l'UE à Jérusalem, a donné une description plus précise du motif du financement, ainsi que du rôle que l'UNRWA est censé jouer dans le contexte plus large. L'aide financière, a déclaré M. von Burgsdorff, « permettra de répondre aux besoins des Palestiniens dans les camps de réfugiés, notamment dans le secteur de la santé. Le travail de l'UNRWA reste crucial pour tous les réfugiés palestiniens et la viabilité de la solution à deux États, ainsi que pour la stabilité et la sécurité de la région ».
Comme elle le fait régulièrement, afin d'affirmer son rôle dans la lutte contre l'indépendance de la Palestine, l'UE a réitéré son engagement en faveur du compromis à deux États au début de cette semaine. À la lumière de la déclaration de von Burgsdorff sur l'UNRWA, il est important d'examiner comment l'aide humanitaire est complice de duplicité sur le sort des réfugiés palestiniens et leur droit légitime au retour.
Le principal défaut de la résolution 194 des Nations unies est que le droit au retour des Palestiniens est conditionné à l'acceptation par le peuple palestinien du colonialisme israélien. Ceci, à son tour, rend la résolution non contraignante, obsolète en termes d'efficacité.
L'UNRWA a été créé en tant qu'Agence de secours temporaire « en attendant une solution juste et durable à leur sort [celui des réfugiés palestiniens] ». L'Agence a également précisé que « la recherche d'une solution juste et durable au sort des réfugiés palestiniens est une question politique et ne fait pas partie du mandat de l'UNRWA ».
On ne peut cependant pas nier que l'UNRWA joue un rôle politique dans l'établissement de sa prétendue neutralité, d'autant plus qu'il aide les victimes d'un projet colonial en cours. Ce sont les acteurs politiques qui ont déterminé le rôle que l'UNRWA devrait jouer et bien que l'Agence soit inflexible sur sa mission humanitaire, elle ne peut se dissocier de la politique qui a créé le besoin de son existence, ni de ses donateurs, qui ont également intérêt à soutenir Israël.
Notamment, l'affirmation de von Burgsdorff sur le rôle crucial de l'UNRWA dans «la viabilité de la solution à deux États » montre clairement que la position de neutralité défendue par l'Agence est loin d'être clairement humanitaire. Le compromis de deux États est le cadre politique choisi par la communauté internationale pour légitimer l'expansion coloniale et la violence d'Israël. Si l'UNRWA joue un rôle dans le maintien d'une politique de deux États par son travail, il joue alors un rôle bien plus crucial que la simple satisfaction des besoins fondamentaux des réfugiés palestiniens.
Ce n'est pas parce que l'Agence fournit des services dont les réfugiés palestiniens ne peuvent se passer qu'elle ne collabore pas au maintien de la politique coloniale sioniste qui perpétue le cycle de déplacement forcé des Palestiniens. Le compromis de deux États dépend de l'interdiction faite aux Palestiniens de retourner sur leurs terres. Par conséquent, le travail de l'UNRWA, aussi crucial qu'il soit en termes de satisfaction des besoins fondamentaux, ne doit pas être le vernis qui dissimule l'agenda politique derrière des décennies d'aide humanitaire financée par la communauté internationale et de violations des droits de l'homme.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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