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Palestine - 30 septembre 2020
Par Ramona Wadi
29.09.2020 - A l'occasion du 75ème anniversaire de la fondation des Nations Unies, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a eu l'occasion de prononcer un discours puissant et de l’appuyer par un changement dans la politique palestinienne. Il n'a fait ni l'un ni l'autre. Au contraire, la critique modérée d'Abbas à l'égard de l'organisation internationale a été adoucie par un nouvel aveu d'"attendre", plutôt que de travailler sur une alternative palestinienne pour mettre fin à des décennies de diplomatie volontairement ratée.
Des Palestiniennes brandissent des drapeaux palestiniens et font le signe de la victoire lors d'une manifestation près de la frontière avec Israël dans la bande de Gaza le 30 mars 2018. | Mohammed Abed/AFP (Source : scroll.in)
La résolution 2621 des Nations unies déclare que « la persistance du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations représente un crime qui constitue une violation de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et des principes du droit international ». Elle réaffirme également « le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires dont ils disposent contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l'indépendance ».
C'est la théorie. En pratique, l'ONU a admis Israël dans ses rangs en tant qu'État colonial - bien qu'il n'ait jamais rempli les conditions d'adhésion - et continue à le défendre par le biais du compromis de deux États, qui est structuré pour préserver Israël et son discours sur la sécurité.
Pas une seule référence au droit légitime du peuple palestinien à résister au colonialisme n'a été faite par Abbas dans son discours enregistré aux Nations unies. Faisant référence à la Palestine comme « le plus grand test pour cet organe international et sa crédibilité », Abbas a poursuivi en affirmant que les Palestiniens « continueront à attendre que l'ONU assume sa responsabilité et parvienne à un règlement pacifique de la question de Palestine ». Tout cela parce que, selon Abbas, les Palestiniens ont « placé leur espoir dans les Nations unies ».
Les Palestiniens ont été inscrits dans un récit international qui élimine leurs droits politiques, et leurs dirigeants ne font rien pour s'opposer au statu quo. Suggérer une nouvelle conférence de paix internationale semble être la seule carte inefficace qu'Abbas ait encore à jouer. Gardant à l'esprit que l'AP ne renoncera pas à son engagement envers le compromis moribond de deux États, pourquoi Abbas attendrait-il une nouvelle approche de la communauté internationale envers la Palestine alors que les États-Unis ont choisi de donner la priorité aux accords de normalisation entre les pays arabes et Israël, mettant ainsi la région sur un pied d'égalité avec le reste du monde en proclamant un prétendu soutien à la Palestine tout en cimentant leurs allégeances politiques avec l'État colonial ?
Ce n'est pas comme si l'ONU allait changer de ton simplement à cause des appels de l'AP à rester engagée dans des plans qui sont préjudiciables pour le peuple palestinien. Il n'y a pas eu un seul cas où l'AP a utilisé le droit international autrement que comme une référence à des fins rhétoriques, alors qu'Israël et la communauté internationale ont créé des poches d'impunité qui préservent les violations politiques infligées au peuple de la Palestine occupée.
L'AP remplit son rôle d’extension de la communauté internationale et d'Israël pour réprimer les Palestiniens. Pendant ce temps, l'ONU est également complice de cette situation au lieu de remplir son obligation de faire respecter ses propres chartes et résolutions. C’est abominable de suggérer, comme l'a fait Abbas, que les Palestiniens ont placé leur espoir dans l'ONU. Une telle soumission volontaire n'est rien d'autre qu'un aveu de défaite, que le peuple palestinien ne reconnaîtra pas. Cependant, il est urgent de dénoncer la duplicité des organisations internationales, et il est encore plus impératif que les Palestiniens s'unissent derrière une direction qui rapproche le peuple d'une participation politique. L'AP a échoué sur ces deux points, ce que l'ONU avait escompté depuis le début.
Le meilleur espoir pour la Palestine réside dans son peuple.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR
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